Parmi les souvenirs mémorables de mon voyage au Myanmar, le trek entre Kalaw et le lac Inle occupe une place toute particulière. Trois jours de marche au cœur de paysages époustouflants, d’immersions dans la vie rurale birmane, et d’expériences simples mais marquantes. Et tout cela… avec une très bonne amie ET en sandales.
Oui, je suis la seule à le faire en sandales. Tout le monde dans le groupe est équipé de baskets, évidemment. Mais comme je n’en avais pas dans mon sac à dos, je n’ai pas voulu en acheter juste pour ce trek. Alors, avec mes sandales bien attachées, c’est parti pour trois jours d’aventure. Et franchement, ça vaut chaque pas.
Jour 1 : Départ de Kalaw, entre rizières et collines
Dès les premiers pas, le décor est saisissant. La terre rouge éclatante contraste avec le vert profond des rizières qui s’étendent à perte de vue. Les collines se succèdent, couvertes parfois de champs de piments qui sèchent au soleil, ajoutant des touches rouges vibrantes au paysage. C’est une explosion de couleurs : le rouge des piments, le vert des rizières, et au loin, le bleu du ciel parfaitement dégagé.
Notre guide est une perle. Il s’arrête souvent pour nous montrer les plantes qui poussent autour de nous. Il casse une branche de citronnelle et nous fait sentir son arôme puissant. Plus loin, il nous tend un morceau de gingembre frais à goûter. Le piquant surprend tout le groupe, et on rigole en partageant nos impressions.
Le long des chemins, des villageois travaillent dans les champs. Tout se fait à la main, avec l’aide de buffles au regard imposant mais placide. Certains coupent le riz, d’autres labourent ou ramassent des sacs entiers qu’ils transportent sur des charrettes en bois. À chaque croisement, on reçoit des sourires sincères et chaleureux, et on sent tout de suite que ce trek est autant une rencontre humaine qu’une aventure nature.
Jour 2 : Immersion dans les villages birmans
Le deuxième jour, les paysages changent subtilement. Les rizières font place à des forêts plus denses, puis à des collines où les piments rouges sèchent sur de larges étendues. Le contraste entre ce rouge vif et le vert de la végétation est tout simplement incroyable. À chaque montée, une nouvelle vue nous récompense : une vallée verdoyante ici, un petit lac scintillant là-bas. Les chemins sont bordés d’étendues de riz qui sèchent tranquillement au soleil.
En fin de journée, nous arrivons dans un village où nous passerons la nuit (c’était le cas la veille aussi). Ce genre d’accueil est rare au Myanmar. En effet, les habitants n’ont pas le droit d’héberger des touristes en temps normal, mais ici, ce sont des maisons précautionneusement choisies par les militaires. Tout est impeccable. Les maisons, souvent sur pilotis, sont en bois ou en bambou. À l’intérieur, sous le toit, une grande pièce communes nous est réservée. On dort sur des planches de bois, dans des couvertures épaisses qui sentent le feu de bois. Pas besoin de pyjama, on porte la même tenue depuis le départ. Ça fait partie du charme de l’aventure.
La soirée est magique. Les habitants nous accueillent avec des sourires rayonnants. Les enfants courent partout et viennent nous appliquer de la thanaka, cette pâte jaune issue d’une branche d’arbre, qu’ils utilisent comme maquillage et protection solaire. C’est un moment d’échange simple mais précieux. Pendant ce temps, les femmes cuisinent autour d’un feu, et les hommes s’occupent des animaux ou ramènent des chargements de bois ou de riz.
Le dîner est un véritable festin. Des plats locaux, simples mais délicieux, sont disposés au centre de la table, et chacun se sert. On mange en silence, bercés par le crépitement du feu et les bruits du village. En sortant, le ciel est d’une clarté incroyable, rempli d’étoiles. C’est le genre de soirée qui vous donne envie de rester là pour toujours.
Jour 3 : Arrivée sur le lac Inle
Cela fait déjà deux heures qu’on aperçoit au loin le lac Inle. Il scintille sous le soleil, encadré par des montagnes aux teintes douces. En s’approchant, le paysage s’ouvre. Le lac est immense, presque irréel.
On monte à bord d’un bateau en bois pour traverser jusqu’à Nyaungshwe, et c’est un vrai moment de récompense. Le bruit de l’eau qui clapote contre la coque, le vent sur nos visages, et ce sentiment d’accomplissement après trois jours de marche. Tout est parfait.
Le billet d’entrée pour le lac coûte 12 000 Kyat (environ 10 euros), et il est valable plusieurs jours. On donne un pourboire au capitaine, qui accepte de nous faire un détour pour faire une vraie grosse balade. C’est parti !
Le lac Inle, ce n’est pas juste de l’eau. C’est un écosystème vivant, riche et complexe. On y trouve des jardins flottants, de larges plates-formes de végétation qui semblent littéralement flotter à la surface. Ces jardins sont cultivés par les habitants et produisent des légumes frais, souvent destinés aux marchés locaux.
Les maisons des villages autour du lac sont sur pilotis, comme suspendues au-dessus de l’eau. Entre les habitations, les pirogues vont et viennent, transportant des marchandises, des habitants, ou parfois des touristes curieux, comme nous. Je m’amuse à capturer chaque instant avec mon appareil photo, et je sais que ces clichés font partie des plus belles images que j’ai jamais prises. La lumière, les reflets, les scènes de vie… tout est parfait. On voit toute une vie dans chaque regard qui croise mon appareil.
Le bateau traverse aussi les marchés flottants, où les villageois vendent fruits, légumes, et artisanat directement depuis leurs embarcations. On s’arrête brièvement dans un monastère, mais ce qui capte vraiment notre attention, ce sont ces scènes de vie sur le lac. Chaque détail raconte une histoire : une femme lavant son linge, un enfant jouant dans une pirogue. On croise des pêcheurs en train de pagayer avec leurs jambes, utilisant une technique unique au monde. Leur mouvement est fluide, presque chorégraphié. Leur équilibre sur leurs frêles embarcations est fascinant à observer., un pêcheur lançant son filet avec une précision incroyable.
Un trek inoubliable
Ce trek, c’est plus qu’une randonnée. C’est une plongée dans la vie birmane, une rencontre avec des paysages et des gens incroyables. Entre les collines rouges, les rizières éclatantes, les piments qui sèchent au soleil, et l’accueil chaleureux des villages, chaque instant est gravé dans ma mémoire.
Et ce lac Inle… Quelle merveille ! Les pêcheurs, les jardins flottants, les marchés… Tout y est si vivant, si unique. Ces trois jours, avec Delphine et mes sandales, resteront l’un des moments les plus marquants de mes voyages.
Et vous, prêts à enfiler vos chaussures (ou vos sandales) pour une aventure comme celle-ci ? 😊
