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Guide des musées pas comme les autres à NOLA

Musee de la mort

Quand on pense musées à la Nouvelle-Orléans, on pense souvent au Musée du Jazz ou à la galerie d’un vieux bâtiment du Quartier Français. Et c’est vrai, ils sont chouettes. Mais ce que je cherche dans une ville, c’est ce qui la rend vraiment unique. Ce que je veux, ce sont les lieux qui grattent un peu, qui surprennent, qui font réfléchir autrement.

Voici donc une sélection de musées et d’expériences culturelles qui m’ont marquée. Certains sont minuscules, d’autres déroutants. Tous sont, à leur manière, des clés pour comprendre cette ville fascinante, entre spiritualité, mémoire, et identité créole.

Le Musée du Vaudou de la Nouvelle-Orléans

📍 724 Dumaine St, New Orleans, LA 70116

Le bâtiment est petit, presque étouffant, avec ses pièces étroites et ses murs chargés d’autels, de fétiches, de statues, de bougies noircies. Mais c’est ce qui en fait sa force. Ce musée ne cherche pas à rendre le vaudou « instagrammable ». Il t’embarque dans une spiritualité bien vivante, à la frontière entre culte et quotidien.

Je me souviens d’un petit mot manuscrit coincé entre deux bougies : « Please, heal my sister. » C’est ce genre de détail qui fait tout. On n’est pas ici pour observer, mais pour ressentir. Un lieu de transmission plus que d’exposition.

Backstreet Cultural Museum

📍 1531 St Philip St, New Orleans, LA 70116

C’est l’un des musées les plus puissants et sous-estimés de la ville. Situé dans le quartier de Treme, ce musée rend hommage à la culture afro-créole et aux traditions locales : les Mardi Gras Indians, les second lines, et les Social Aid & Pleasure Clubs.

Le savais-tu ?

  • Les Mardi Gras Indians sont des Afro-Américains qui, chaque année, fabriquent des costumes incroyablement élaborés pour défiler pendant le Mardi Gras. Ils rendent hommage aux peuples autochtones qui ont aidé les esclaves en fuite. Leurs costumes brodés de perles et de plumes sont de véritables œuvres d’art.
  • Les second lines sont des parades de rue nées des cortèges funéraires jazz. La « first line » est composée des musiciens et de la famille du défunt. La « second line », c’est le peuple. Ceux qui suivent, qui dansent, qui célèbrent la vie.
  • Les Social Aid & Pleasure Clubs, à l’origine, étaient des associations communautaires créées pour offrir aide sociale, soins médicaux, et funérailles dignes à leurs membres. Aujourd’hui, ils perpétuent ces traditions avec fierté.

On y voit des costumes incroyables, faits main, brodés de perles et de plumes, des vidéos d’archives, des témoignages. Mais surtout, on y ressent une fierté. Une résistance joyeuse. J’ai passé un long moment à discuter avec la personne à l’accueil, qui m’a raconté comment son grand-père avait cousu lui-même l’un des costumes exposés.

The Historic New Orleans Collection

📍 520 Royal St, New Orleans, LA 70130

Celui-ci est plus « classique », mais je l’ajoute car il est souvent oublié et pourtant passionnant. Il s’agit d’un centre d’archives et de musées consacrés à l’histoire de la ville. Ce que j’aime, ce sont les expositions temporaires : hyper bien faites, immersives, toujours très humaines.

Lors de ma visite, il y avait une expo sur l’évolution des quartiers créoles et le rôle des femmes dans la transmission culturelle. Je me suis surprise à rester plus de deux heures, totalement captivée.

Et bonus : l’entrée est gratuite.

Museum of Death (pour les âmes bien accrochées)

📍 227 Dauphine St, New Orleans, LA 70112

Âmes sensibles s’abstenir. VRAIMENT !! Ce musée est à la fois fascinant et dérangeant. On y parle meurtres, rituels funéraires, taxidermie, lettres de tueurs en série… Et on y voit mettre et cadre en photo (les vraies photos !!). C’est glauque, ça donne la nausée.
Quand on voit l’engouement sur YouTube pour le true crime, peut-être que vous allez aimer.

Je ne suis pas restée très longtemps car au bout de 10 minutes à peine à voir des photos de scènes de crime et les corps des victimes ensanglantées, j’ai fait un malaise. Les photos sont interdites à l’intérieur et franchement, même si j’avais pu, je n’en aurais pris aucune.

Musee de la mort

Le musée des cuisines créoles (Southern Food & Beverage Museum)

📍 1504 Oretha Castle Haley Blvd, New Orleans, LA 70113

Celui-là, je ne l’attendais pas. Et j’ai adoré. Il parle de nourriture, bien sûr — gumbo, po-boys, étouffée, jambalaya — mais surtout de ce qu’elle raconte : l’histoire de l’esclavage, des migrations, des fêtes, de la survie aussi.

Une partie est dédiée aux sauces piquantes de tout le Sud. Une autre aux bars mythiques de NOLA. Et il y a même un petit espace pour des cours de cuisine.

Et si tu veux un bonus, juste à côté se trouve le Museum of the American Cocktail, qui fait partie du même bâtiment.

Bonus : des lieux vivants qui valent plus qu’un musée

  • The Voodoo Spiritual Temple (1428 N Rampart St) : plus qu’un temple, une expérience intime et déroutante. Ici, les autels sont vivants, chargés de prières récentes, de fleurs séchées, de morceaux de vie. Lorsque j’y suis allée, la prêtresse Miriam chantait une incantation basse, tandis que l’encens embaumait l’air. Elle m’a simplement regardée en silence, et j’ai senti un frisson dans tout le corps. Ce n’est pas un lieu pour prendre des photos — c’est un lieu pour ressentir, observer, s’incliner.
  • Congo Square (Louis Armstrong Park) : un lieu vibrant, ancré dans l’histoire noire américaine. C’est ici que les esclaves se réunissaient le dimanche pour danser, jouer de la musique et transmettre oralement leurs cultures africaines. Ces rassemblements étaient à la fois une fête, un acte de survie et de résistance. Aujourd’hui encore, les tambours résonnent parfois dans l’air, comme un écho du passé. J’y suis restée un après-midi entier, assise sur un banc, à écouter un groupe improviser des percussions. Il y avait des enfants, des anciens, des passants. Le cercle s’est formé, naturellement. Et tout à coup, plus rien n’existait que le rythme.

La Nouvelle-Orléans a ses musées officiels (le New Orleans Jazz Museum, le National WWII Museum, le Ogden Museum of Southern Art, le New Orleans Museum of Art, le Louisiana Children’s Museum, le Contemporary Arts Center, et le Cabildo Museum). Mais elle a surtout des lieux habités. Par l’histoire, par les luttes, par l’invisible. C’est là, dans ces marges sensibles, que j’ai le plus appris sur elle.

Et toi, tu l’as ressenti où, ce frisson d’histoire vivante ?