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Lorsque l’on pense aux chefs-d’œuvre de la peinture mondiale, quelques œuvres viennent immédiatement à l’esprit. Parmi elles, « La Jeune Fille à la Perle » de Johannes Vermeer occupe une place à part. Souvent surnommée la « Mona Lisa du Nord », ce portrait énigmatique fascine par la profondeur de son regard et la délicatesse de sa lumière.

J’ai eu l’immense plaisir de contempler ce tableau de mes propres yeux au Musée Mauritshuis de La Haye, et croyez-moi, cette expérience va bien au-delà d’une simple visite de musée. C’est une véritable immersion dans l’âge d’or néerlandais, dans un cadre aussi intimiste que majestueux.

Pour la petite histoire, cela faisait des années que je rêvais de contempler ce tableau en vrai. Pendant tout ce temps, ce désir ne m’a jamais quitté. J’ai enfin pris ce temps que je m’étais promis. Durant ces années d’attente, j’ai dévoré des livres entiers sur **La Jeune Fille à la Perle**, plongé dans des recherches sur Vermeer, sa vie, son œuvre, et même ses mécènes. Chaque lecture, chaque découverte alimentait un peu plus mon envie de me retrouver face à cette œuvre. Et puis voilà, après tant d’années à l’imaginer, j’ai enfin pu admirer ce tableau. Dire que mes yeux brillaient serait un euphémisme.

Dans cet article, je vous raconte donc cette rencontre exceptionnelle pour moi.

1. Le musée Mauritshuis : un écrin d’art et d’histoire

Le Musée Mauritshuis est en lui-même une œuvre d’art. Situé au cœur de La Haye, le musée est logé dans une maison seigneuriale du 17e siècle. L’élégance de l’architecture classique, avec ses proportions harmonieuses et ses grandes fenêtres, transporte immédiatement dans une autre époque, celle où les riches marchands et la noblesse néerlandaise bâtissaient des demeures somptueuses. Lorsque je suis arrivée au Musée Mauritshuis, je pensais pouvoir me promener un peu aux alentours avant l’ouverture, histoire de faire passer le temps.

Mais le Binnenhof, juste à côté, était en travaux. N’ayant pas d’autre option, je me suis résignée à attendre l’ouverture du musée, seule dans le froid d’octobre, 20 minutes avant que les portes ne s’ouvrent. J’ai donc bien eu le temps d’observer la batisse avec ses lumières de toutes les couleurs qui illuminent les fenêtres.

Mauritshuis

Ça y est il est 10h, les portes ouvrent. C’est un lieu à taille humaine, loin de l’immensité des musées parisiens ou londoniens, où l’on peut prendre le temps d’apprécier chaque œuvre, de s’attarder sur les détails, et surtout, de ne pas se sentir submergé par la foule.

Le Mauritshuis abrite une collection impressionnante de chefs-d’œuvre de l’âge d’or néerlandais, notamment des tableaux de Rembrandt, Frans Hals et Jan Steen, mais bien sûr, La Jeune Fille à la Perle est l’attraction phare du musée. Elle y est présentée de manière sobre, qui fait ressortir toute la subtilité du tableau. Je suis retournée trois fois dans la pièce où elle est exposée lors de ma visite pour être certaines de bien l’avoir en tête. À la première fois, une toute petite file de gens attendait son tour pour la voir de près, puis les deux autres fois, j’étais seule. Parfait !!

2. La jeune fille à la perle : une rencontre très attendue

Dès l’instant où mes yeux se sont posés sur La Jeune Fille à la Perle, le temps a semblé s’arrêter, vraiment !. j’y étais ! Ce tableau, peint par Johannes Vermeer vers 1665, est bien plus qu’un simple portrait. En fait, ce n’est pas un portrait, c’est un tronie. En gros cela veut dire qu’il s’agit du visage de quelqu’un au hasard. contrairement au portrait qui est un visage connu. La jeune fille à la perle, c’est un dialogue silencieux entre l’œuvre et le spectateur, un moment suspendu dans l’éternité. On est vite fasciné par le regard de la jeune fille, un regard profond, à la fois doux et pénétrant.

La lumière et le réalisme fascinant

Ce qui frappe forcément, c’est la lumière. Vermeer est souvent qualifié de « maître de la lumière », et ce tableau en est une parfaite démonstration. Le visage de la jeune fille est baigné d’une lumière douce, presque éthérée, qui semble émaner de nulle part. C’est cette lumière qui donne au tableau son incroyable réalisme. La peau paraît vivante, les yeux brillent, et le reflet de la perle est d’une subtilité renversante.

Le contraste entre le visage lumineux de la jeune fille et l’arrière-plan sombre crée une impression d’intimité presque palpable. On a l’impression que la jeune fille pourrait sortir du cadre à tout moment, tant le rendu est délicat et précis. Chaque détail, de la texture du turban bleu et jaune jusqu’à la perle pendante, est finement exécuté.

3. Qui était La jeune fille à la perle ? Les théories et mystères qui entourent le tableau

Vermeer a volontairement laissé flou le contexte du portrait, ce qui ne fait qu’ajouter à son mystère. Le tableau n’est pas daté, et l’identité du modèle reste un sujet de spéculation, ce qui m’amène à la question suivante : Qui était cette jeune fille ? Depuis des siècles, les historiens de l’art débattent pour savoir qui elle était réellement.

Un membre de la famille de Vermeer ?

L’une des théories les plus répandues suggère que la jeune fille pourrait être un membre de la famille de Vermeer, peut-être même l’une de ses filles. Vermeer, connu pour ses scènes d’intérieur intimistes et ses portraits de femmes, aurait peut-être choisi un modèle familier pour ce tableau. Cela expliquerait la proximité et l’intimité qui émanent de l’œuvre.

Une servante ou un modèle inconnu ?

D’autres hypothèses avancent qu’elle pourrait être une servante ou un modèle anonyme. Ce portrait étant un tronie – un type de peinture courant à l’époque qui représentait des figures imaginaires plutôt que des personnes réelles – il est possible que cette jeune fille n’ait jamais existé sous cette forme. Elle serait plutôt une idéalisation de la beauté féminine, une figure poétique sortie de l’imaginaire de Vermeer.

Le mystère reste entier, mais cela fait partie du charme de cette œuvre. Chaque visiteur est libre d’y voir ce qu’il veut, et c’est peut-être cette liberté d’interprétation qui rend La jeune fille à la perle si intemporelle.

4. D’autres chefs-d’œuvre à ne pas manquer au Mauritshuis

Bien sûr, La Jeune Fille à la Perle est la star incontestée du Mauritshuis, mais ce musée est bien plus qu’un simple écrin pour ce chef-d’œuvre de Vermeer. pour être honnête, je n’aurais pas cru y trouver autant d’œuvres exposées. Déjà, il y a deux autres Vermeer et une quantité impressionnante d’autres artistes aussi connus. Chaque salle offre une plongée dans l’âge d’or de la peinture néerlandaise, et la collection de Rembrandt, en particulier, m’a laissée sans voix.

Une impressionnante collection de Rembrandt

Je ne m’attendais pas à voir autant de toiles de Rembrandt réunies dans un seul lieu. On connaît souvent « La Leçon d’anatomie du docteur Tulp », un tableau magistral où le réalisme cru de la dissection contraste avec l’attention studieuse des médecins. Mais ce n’est qu’une des nombreuses œuvres de Rembrandt au Mauritshuis. Parmi les autres tableaux marquants, on peut citer « Le Jeune homme à la chaîne d’or » et « La Fiancée juive », deux exemples éclatants de son génie pour capturer la texture des tissus et l’intensité des émotions humaines à travers des jeux de lumière et d’ombres.

C’est incroyable de constater à quel point Rembrandt est omniprésent dans ce musée, et chacune de ses œuvres révèle une facette différente de son talent. Que ce soit dans la représentation minutieuse des visages ou dans la manière unique qu’il avait de manipuler la lumière, Rembrandt semble être une véritable clé pour comprendre l’art du 17e siècle. Vous l’aurez compris, j’aime beaucoup Rembrandt aussi.

Mauritshuis 10

D’autres trésors à découvrir

Mais le Mauritshuis ne s’arrête pas à Rembrandt. Lors de ma déambulation dans ses salles, j’ai aussi découvert des œuvres d’autres maîtres néerlandais qui m’ont impressionnée par leur diversité. Parmi mes coups de cœur, il y a le « Chardonneret » de Carel Fabritius, une petite toile incroyablement délicate. Cet oiseau minuscule, enchaîné à un perchoir, attire par sa simplicité apparente, mais il y a quelque chose de profondément émouvant dans son réalisme et son calme mélancolique. C’est le genre de tableau que l’on contemple encore longtemps après l’avoir quitté, tant il reste gravé dans la mémoire.

Je ne pouvais pas passer à côté des œuvres de Frans Hals, célèbre pour ses portraits vibrants de vie et ses coups de pinceau énergiques. Ses tableaux, qu’ils soient de notables ou de personnages plus modestes, dégagent une vitalité qui semble défier les siècles. J’ai été particulièrement marquée par l’éclat des couleurs et la finesse des détails dans ses portraits, comme s’il parvenait à capturer un instantané de la vie avec une précision étonnante.

Le Mauritshuis abrite également des tableaux de Jan Steen, dont les scènes de genre humoristiques m’ont arraché plusieurs sourires. Ses tableaux, souvent inspirés de la vie quotidienne des Néerlandais, regorgent de petits détails amusants et de scènes pleines de vie. C’est un autre aspect de l’art néerlandais qui se révèle ici : un humour subtil, presque ironique, qui semble nous inviter à nous rapprocher pour mieux apprécier l’ironie des situations.

Une spécificité qui fait la force du Mauritshuis

Ce qui rend le Mauritshuis si particulier, c’est son intimité. Contrairement à des musées plus imposants où les œuvres sont disséminées dans de grandes galeries, ici, chaque salle semble avoir été soigneusement pensée pour offrir un dialogue entre les tableaux. Ce cadre intimiste permet une véritable proximité avec les œuvres. On a l’impression de visiter une collection privée, presque comme si l’on était invité à pénétrer dans une maison du 17e siècle où chaque tableau raconte une histoire différente.

Il ne s’agit pas d’un musée immense où l’on pourrait se perdre, mais justement d’un lieu où l’on peut prendre le temps de contempler, d’apprécier les détails, sans être submergé par la quantité. En plus de cela, le cadre architectural du musée, une ancienne maison seigneuriale, contribue énormément à cette atmosphère feutrée.

C’est pour cela que, même si vous venez initialement pour La jeune fille à la perle, il serait dommage de ne pas explorer les autres trésors que recèle ce musée unique.

5. Le cadre exceptionnel du Mauritshuis : Le Hofvijver et le Binnenhof

Le Mauritshuis est idéalement situé dans un quartier historique de La Haye, juste à côté du Hofvijver, un étang pittoresque qui reflète les bâtiments environnants dans ses eaux tranquilles. Après ma visite, j’ai pris le temps de me promener le long de ses berges, profitant du calme et de la beauté du lieu.

Le Binnenhof, malheuresement en travaux au moment de ma visite, est un complexe de bâtiments médiévaux qui abrite aujourd’hui le siège du gouvernement néerlandais. C’est un lieu chargé d’histoire, où l’on peut sentir le poids des siècles. J’ai quand même pu prendre quelques petites photos de façades par-ci, par-là.

Binnenhof

6. Bonus : Est-ce que voir une oeuvre d’art en vrai est différent de voir sa reproduction ?

C’est une question qui m’a beaucoup taraudé avant d’aller voir La jeune fille à la perle car j’ai vu tellement de reproduction, carte portale, etc, que j’avais peur d’être déçue.

Mais voir une œuvre d’art en vrai est une expérience radicalement différente de la voir en reproduction, et ce n’est pas seulement une impression subjective.

Une étude menée au Mauritshuis l’a prouvé scientifiquement : regarder « La Jeune Fille à la Perle » en personne provoque une réponse émotionnelle dix fois plus intense que face à une reproduction. Ce phénomène s’explique par le fait que notre cerveau réagit bien plus fortement aux œuvres d’art originales, stimulant le système de valorisation du cerveau et les régions liées aux émotions.

Grâce à des mesures EEG (électroencéphalogramme) et un suivi des mouvements oculaires, l’étude a montré que face à une œuvre d’art réelle, notre cerveau entre dans un processus créatif : on imagine, on se souvient, et on tente de comprendre le message de l’artiste. En comparaison, les reproductions, même bien faites, n’activent pas autant ces mécanismes cérébraux. Cela explique pourquoi voir une œuvre en vrai est une expérience incomparable.

7. Conseils pratiques pour la visite du Mauritshuis

Pour ceux qui souhaitent découvrir ce musée exceptionnel, voici quelques conseils pratiques qui m’ont aidée à profiter pleinement de ma visite.

  • Réservez vos billets en ligne : Comme le Mauritshuis est un musée relativement petit, il peut rapidement être bondé, surtout aux heures de pointe. Je vous conseille donc de réserver vos billets en ligne à l’avance, ce qui vous permettra de gagner du temps et d’éviter les files d’attente.
  • Privilégiez les heures creuses : Si vous souhaitez contempler La jeune fille à la perle dans un calme relatif, essayez de visiter le musée tôt le matin ou en fin d’après-midi. Cela vous permettra d’éviter les groupes et de profiter d’une expérience plus intime.

Conclusion

Ma visite au Musée Mauritshuis a complet mes attentes. Un vrai voyage dans l’univers fascinant des peintres de l’âge d’or néerlandais. Et bien sûr, la rencontre avec La jeune fille à la perle de Vermeer restera un moment inoubliable.