Kitano Ijinkan-Gai, situé dans la ville de Kobe au Japon, est un quartier historique réputé pour ses maisons de style occidental construites à la fin du XIXe siècle. À cette époque, Kobe s’est ouvert au commerce international, attirant de nombreux étrangers qui ont construit leurs résidences ici. Et en bons colons, ils ont construits des maisons à l’image de celles de leur pays.
Ces maisons, appelées « ijinkan » (maisons d’étrangers), offrent un contraste fascinant avec l’architecture traditionnelle japonaise et racontent une histoire unique du mélange culturel de cette époque.
Ayant vécu en Europe jusqu’à mes 29 ans, ma visite de ce quartier m’a plongée dans une douce nostalgie. J’y ai retrouvé la vaisselle de ma grand-mère, la lampe de ma tante, et même le lit de mon enfance chez la voisine qui me gardait le samedi soir. Aujourd’hui, je vous partage mon aventure détaillée, mes découvertes secrètes et mes astuces pour une visite vraiment très sympa.
L’histoire de Kitano Ijinkan-Gai
Pour bien comprendre la magie de Kitano Ijinkan-Gai, il est essentiel de plonger dans son histoire. Kobe a ouvert ses ports au commerce international en 1868, ce qui a attiré des commerçants et des diplomates du monde entier. Ceux-ci ont construit des maisons dans le style de leur pays d’origine, créant un quartier unique où différentes cultures coexistent. Aujourd’hui, chaque maison raconte une histoire.
La maison Uroko : premier arrêt
Ma visite débute avec la Maison Uroko, également surnommée « Maison des Écailles » en raison de ses tuiles distinctives qui évoquent les écailles de poisson. Cette maison, construite en 1905, se distingue par son architecture impressionnante, avec ses deux tours rondes et sa façade grise élégante.
En entrant dans le jardin, il y a une grosse statue de sanglier dont on peu caresser le groin pour se porter chance.
Dès l’entrée, l’intérieur de la Maison Uroko révèle un véritable trésor d’antiquités. Chaque pièce est une capsule temporelle, remplie de trésors du passé. Les porcelaines Meissen, les lampes Tiffany, chaque meuble, chaque décoration, rend la visite encore plus immersive.
Ne manquez pas ensuite la galerie d’observation au deuxième étage, de l’autre côté de la maison. La vue sur Kobe, avec le port au loin et les buildings est superbe. Et la collection de tableaux, incluant des œuvres de Matisse et Bernard Buffet, est plutôt sympa.
La maison Yamate 8 Bankan
La maison suivante, Yamate 8 Bankan, m’a rappelé les maisons du nord de l’Europe avec son architecture extérieure distincte. Construite à la fin du XIXe siècle, cette maison est un excellent exemple de l’influence européenne sur l’architecture japonaise de l’époque. Avec ses lignes épurées et ses détails raffinés, elle évoque une élégance et une sobriété caractéristiques des maisons bourgeoises européennes.
Il y a une collection impressionnante de statues de bronze. Parmi elles, plusieurs œuvres de Rodin, c’est incroyable !
Au cœur de cette maison se trouve le fameux fauteuil de Saturne. Selon la légende, s’asseoir dans ce fauteuil et faire un vœu le rendra réalité. Pour être honnête, cela fait plus de 10 ans que je fais toujours le même voeu mais jamais il ne s’est réalisé 😅
À l’intérieur, la maison est un mélange harmonieux de styles européen et japonais. Les grandes fenêtres laissent entrer une lumière naturelle qui met en valeur les riches textures des meubles et des tapis. Chaque pièce est décorée avec goût, reflétant à la fois le luxe discret de l’Europe et la simplicité élégante du Japon.
L’Association des étrangers
L’Association des Étrangers, ou « Kobe Club, » a été fondé en 1869. Elle servait de lieu de rencontre pour les expatriés européens et américains vivant à Kobe. En entrant dans ce bâtiment historique, on est immédiatement transporté dans une autre époque, où l’élégance et le raffinement étaient de mise.
Dès l’entrée, la musique de valse qui joue en arrière-plan vous enveloppe d’une ambiance romantique et nostalgique, rappelant les bals somptueux du XIXe siècle. Cette mélodie envoûtante accompagne votre visite, ajoutant une dimension sensorielle qui vous plonge encore plus dans l’atmosphère d’antan.
Chaque pièce de l’Association des Étrangers est méticuleusement décorée pour recréer l’ambiance et le style de vie des expatriés de l’époque.
Il y a la chambre de bonne, reconstitution fidèle des logements des domestiques qui travaillaient dans ces grandes demeures.
Puis la cuisine qui est particulièrement fascinante avec ses nombreux ustensiles en cuivre, qui brillent sous la lumière tamisée. Ces plats et casseroles, soigneusement alignés, rappellent la tradition culinaire européenne importée par les expatriés. On est loin des baguettes et bol de ramen !
L’Association des Étrangers n’était pas seulement un lieu de résidence, mais aussi un centre social où se tenaient des bals, des dîners et d’autres événements mondains. Les grandes salles de réception, avec leurs lustres imposants et leurs murs ornés de tableaux, témoignent de l’activité sociale intense qui y régnait. Les expatriés se réunissaient ici pour échanger des nouvelles, célébrer des événements et maintenir un lien avec leur culture d’origine.
Hilltop House
La Hilltop House est un véritable bijou du quartier de Kitano Ijinkan-Gai, réputée pour son mélange harmonieux d’architectures japonaise et occidentale. Construite à la fin du XIXe siècle, cette maison se distingue par sa combinaison unique de styles et d’influences culturelles, offrant une expérience de visite riche et fascinante.
Dès que vous approchez de la Hilltop House, vous êtes frappée par la manière dont elle marie les styles architecturaux. Le deuxième étage, construit en pierre, contraste élégamment avec le reste de la maison, qui présente des éléments typiquement japonais. Ce mélange crée une harmonie visuelle qui capte l’essence de l’époque où l’Orient et l’Occident se rencontraient.
Les influences japonaises sont omniprésentes dans la Hilltop House. Les statues en bois et les portes rondes typiques des maisons japonaises.
À l’intérieur de la maison, l’atmosphère est résolument royale. Le mobilier asiatique est exquis, avec des pièces sculptées et décorées de manière détaillée. Les travaux artisanaux en nacre, incrustés dans divers meubles et objets décoratifs, apportent une touche de luxe et de raffinement. Les portraits d’empereurs japonais sont accrochés aux murs.
La maison de Ben
La Maison de Ben, ou « Ben’s House, » est un véritable cabinet de curiosités qui offre une expérience unique en son genre.
En entrant dans la Maison de Ben, vous êtes accueillie par la musique d’Aldo Ciccolini. Les compositions musicales, connues pour leur mélancolie et leur profondeur, ajoutent une touche de mystère
La Maison de Ben est un véritable dédale de trésors clairement excentriques.
Il y a le mur orné de papillons, les masques africains, les animaux empaillés, dont des antilopes et des ours,… C’est totalement étrange.
Chaque coin de la Maison de Ben mérite une attention particulière. Les objets sont disposés de manière à encourager l’exploration et la découverte. Les vitrines, les étagères et les murs regorgent de détails qui se révèlent petit à petit à mesure que vous prenez le temps de les examiner de près.
La maison Yokan Nagayan
Dès que j’ai franchi le seuil de la Maison Yokan Nagayan, j’ai été instantanément transportée en France.
L’atmosphère qui règne ici est un véritable hommage à la culture française, et chaque détail contribue à créer une expérience immersive et légèrement émouvante pour moi.
Dès mon arrivée, une douce odeur de lavande emplit l’air, la parfum apaisant qui évoque les champs de Provence. La musique d’Amélie Poulain, omniprésente dans chaque pièce, ajoute une touche mélancolique et rêveuse, accentuant encore davantage la sensation d’être en France. Ce mélange de senteurs et de mélodies crée une ambiance assez dingue et nostalgique qui m’a litterallement charmée.
Chaque étage de la Maison Yokan Nagayan est une célébration minutieuse de la culture française, avec des reconstitutions qui capturent l’essence des années 1900 et 1800. Les objets exposés et la décoration évoquent le romantisme et l’élégance typiques de l’époque en France.
La pièce la plus marquante pour moi est sans aucun doute la reconstitution de la chambre d’Amélie Poulain. En entrant dans cette pièce, j’ai eu l’impression de pénétrer directement dans le monde du film. Le cochon en céramique en forme de lampe, le nain de jardin et les autres éléments de la chambre sont reproduits avec fidélité.
Les autres étages sont également un régal pour les yeux. Les clichés de la France sont présents partout : des affiches vintage aux décors de banquets, chaque objet raconte une histoire. Les parfums, les meubles et les décorations sont un hommage à l’Art Nouveau et à l’Art Déco, avec leurs lignes élégantes et leurs motifs raffinés. Ces éléments créent une atmosphère qui rappelle les salons parisiens d’autrefois.
L’English house
La dernière étape de ma visite, l’English House. Cette maison est un hommage vibrant à l’Angleterre, avec des références subtiles mais omniprésentes à la littérature, à l’histoire et à la culture britannique.
Chaque pièce semble avoir été soigneusement aménagée pour refléter une période précise de la culture anglaise, des années 1980 à une époque encore plus révolue.
À chaque coin de la maison, des références à des œuvres emblématiques de la culture anglaise sont visibles :
- Sherlock Holmes : La station de métro Baker Street, une pièce maîtresse de la maison, rend hommage au célèbre détective créé par Arthur Conan Doyle.
- Harry Potter : Que vous soyez fan des aventures de Harry Potter ou simplement curieuse, ces références ajoutent une touche de fantaisie et de nostalgie.
- Alice au Pays des Merveilles .
La maison capture également l’essence de l’Angleterre des années 1980, avec des éléments qui rappellent cette époque :
- Le Pub Anglais : Le pub anglais est l’un des lieux phares de l’English House. Avec son décor traditionnel, ses boiseries sombres et son atmosphère conviviale, il vous invite à une pause bien méritée.
- La Serre et le Jardin : La serre et le jardin de l’English House complètent le tableau avec leur charme britannique classique. La serre, avec ses plantes luxuriantes et son design élégant
L’English House offre une immersion totale dans l’univers britannique. Chaque détail, du décor au mobilier en passant par les objets de collection, a été soigneusement choisi pour créer une atmosphère authentique et évocatrice.
Les trucs et astuces pour une visite réussie
- Kitano Ijinkan-Gai peut être visité en une 2 ou 3 heures pour le forfait maximal à 3300 yens (en gros, vous voyez TOUTES les maisons. Il existe d’autres pass moins chers avec donc un nombre de maisons plus limité. Perso, je vous conseille de tout voir, car chaque maisons est complètement unique.
- Ne vous limitez pas aux maisons les plus célèbres. Les petites rues adjacentes regorgent de petites boutiques, de cafés et de galeries d’art qui méritent aussi d’être explorés. Même le bus qui fait le tour du quartier est à l’image des maisons des étrangers.
Conclusion
J’ai adoré cette visite et c’est en repartant que je me suis rappelé que j’étais au Japon ! Kitano Ijinkan-Gaiest un voyage à travers le temps et les cultures, où chaque maison raconte une histoire unique.
Si vous allez à Kobe, ajoutez cette visite sur votre planning et explorez chaque recoin.